3. Angleterre vs Amérique

Hitchcock est un Anglais, marqué par le fatalisme du Vieux Continent. Il part en 1939 poursuivre sa carrière de cinéaste aux États-Unis, où règne un rapport au passé en théorie très différent : dans ce Nouveau Monde, on est censé pouvoir s'affranchir de son existence antérieure et bénéficier d'une « seconde chance ». De ce fossé supposé entre la conception pesante du passé à l'européenne et la table rase mémorielle qui serait de règle en Amérique, Hitchcock donnera une transposition ironique dans Les Amants du Capricorne, où l'on voit un jeune Irlandais arriver en Australie, dont les habitants prétendent rejeter toute forme de préjugé. Mais ce n'est qu'une posture, qui recouvre en fait l'esprit le plus puritain : de même qu'en Angleterre, le passé ne meurt pas.

Comme pour battre l'Amérique sur son propre terrain, Hitchcock réalisera en 1959 un sommet de comédie d'aventures « à l'américaine », qui semble voué au pur présent d'un voyage mouvementé à travers les États-Unis : La Mort aux trousses. Mais en cours de film, le voyage se fait aussi temporel, sous la forme insistante d'un monument à la gloire des grands présidents de l'histoire pays : le mémorial du Mont Rushmore, bloc de mémoire taillé dans la roche.

NOTA : les références des extraits de films cités sont mentionnées à la fin des montages vidéo qui en sont composés.

SUITE 


Auteur : Jean-François Buiré. Ciclic, 2015.