7. Souvenirs mensongers

Autre façon de jouer avec l'objectivité innée du cinéma, et avec l'impression de réalité qu'elle procure : le flash-back énoncé par un personnage comme une vérité mais qui s'avérera mensonger, que Hitchcock a tenté dans Le Grand Alibi.

Alfred Hitchcock : Vous savez, j'ai fait dans cette histoire une chose que je n'aurais jamais dû me permettre... un flash-back qui était un mensonge.
François Truffaut : On vous l'a beaucoup reproché, les critiques français également.
Alfred Hitchcock : Dans les films, nous acceptons très bien qu'un homme fasse un récit mensonger. Par ailleurs, nous acceptons très bien aussi, lorsqu'un personnage raconte une histoire passée, que celle-ci soit illustrée en flash-back, comme si elle se déroulait au présent. Dans ce cas, pourquoi ne pourrions-nous pas également raconter un mensonge à l'intérieur d'un flash-back ?

(Hitchcock/Truffaut, édition définitive, Ramsay, 1983, p. 158)



Hitchcock avait pratiqué le flash-back mensonger dès 1927, dans le film Downhill (La Pente). Mais étant donné ce que le spectateur sait des personnages en présence au moment où il se produit, le flash-back de Downhill est d'emblée perçu comme un mensonge éhonté, ce qui n'est pas le cas de celui du Grand Alibi, qui apparaît au début du film, et auquel le spectateur prête d'autant plus foi qu'il s'agit quasiment du premier élément de récit qui lui est délivré.

NOTA : les références des extraits de films cités sont mentionnées à la fin des montages vidéo qui en sont composés.

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Auteur : Jean-François Buiré. Ciclic, 2015.