Séance 5 : à quoi sert le hors-champ ?

Séance pour les petits

Matériel nécessaire
- feuilles de dessin, feutres, crayons de bois, crayons de couleur, colle.

Objectif

Dans cette séance, l’idée est de montrer aux élèves que le cadre choisi par l’artiste montre ce qui est à l’intérieur du cadre tout autant qu’il occulte ce qui est au dehors et que souvent, ce qui apparaît dans le cadre entre en tension avec ce qu’il y a en dehors de ce cadre.

Prenons l’exemple d’un personnage montré en gros plan en train de hurler, les yeux exorbités (Shining, Stanley Kubrick, 1980).
Le spectateur lambda, a fortiori un enfant, pourra être très perturbé par ce plan car, immanquablement, un personnage montré en gros plan communique plus facilement ses émotions au spectateur. Le spectateur qui partage cette frayeur s’identifie à ce personnage. Or à ce moment précis, le personnage en sait plus que le spectateur sur la nature de ce qui lui fait peur et sur la position de cette menace. Pour le spectateur, cette menace est invisible puisque hors du cadre, mais sûrement plus terrifiante encore car elle peut se situer dans son dos. Ainsi, ce qui est en dehors du cadre et qu’on appelle le hors-champ, fait travailler l’imagination du spectateur.

Le travail sur le hors-champ est donc au cœur de cette séance.

Début de la séance

Montrer deux photos, par exemple un escargot sur une feuille et la lune.
On demande aux enfants de décrire ce qu’ils voient.

  • Photo de l’escargot

Que fait l’escargot ? Où est-il ? Comment peut-on savoir qu’il est dans la nature/sur un arbre ? Est-il nécessaire de montrer tout l’arbre pour comprendre que nous sommes sur cet arbre avec l’escargot ? Quelle aurait été la différence si le photographe avait montré l’arbre en entier ? (L’escargot, bien trop petit par rapport à l’arbre, aurait complètement disparu).

Tout ce questionnement doit aider les élèves à prendre conscience que le hors-champ, ici, n’est pas déterminant, que la feuille d’arbre est une indication métonymique que les enfants comprennent sans avoir à ajouter une explication de texte.

  • Photo de la lune

C’est la même démarche avec cette photo. Quelques questions doivent permettre aux élèves de dire que la lune est dans le ciel. Quel est l’intérêt d’une telle photo alors ? C’est ici la plante au premier plan qui importe tout autant que l’effet esthétique (couleur du ciel, la lune « prise » dans la plante,…). La portion de ciel entrevue est réduite mais tout le monde sait que la lune est dans le ciel. 

 

Montrer ensuite d’autres exemples en BD, photographie, peinture afin de les faire réagir. Ce qui est hors-champ, c’est ce qui reste invisible au spectateur. Dans l’image tirée du Crabe aux pinces d’or, la boîte que Tintin vient d’ouvrir est tout à fait visible pour le lecteur, mais pas son contenu. Le contenu de la boîte qui semble époustoufler Tintin est hors-champ. La curiosité du lecteur pour le contenu de la boîte est augmentée.

 

 

Le hors-champ existe en art pour accroître les émotions des spectateurs, comme le suspense, la peur, l’angoisse, etc. Les enfants ont peur des monstres sous leur lit, ils ont aussi peur de ce qui se dérobe à leur vue, par exemple ce qu’il y a sous la mer. C’est ce que Steven Spielberg a bien compris en réalisant Les Dents de la mer (1975). Voir la photo et laisser les élèves commenter. Leur demander ensuite ce à quoi ils pensent quand ils mettent les pieds dans un endroit qu’ils ne voient pas.

 

Activité finale

Donner l’image intitulée « regarder par le trou de la serrure » et demander aux élèves de dessiner ce que le personnage voit.
Donner enfin une autre image à coller sur une feuille et demander aux élèves de dessiner le hors-champ.


David Ridet, enseignant missionné auprès de Ciclic par le Rectorat de l’académie d’Orléans-Tours (sept. 2014).