Séance 8 : le cadre chez Lumière et Méliès

Objectif

Intéressons-nous davantage à la notion de cadre au cinéma. Le cinéma, comme la photographie, est la résultante d’une vision du monde à travers l’objectif d’un appareil. Et qui dit objectif dit cadre.

Matériel nécessaire
- connexion Internet ou DVD de films des frères Lumière et de Georges Méliès.

Activité

Dès la naissance du cinématographe en 1895, les frères Lumière vont utiliser leur invention comme témoin documentaire de leur époque mais aussi de la vie sur la planète. Ils vont pour ce faire envoyer des opérateurs aux quatre coins du monde qui rapporteront des images aussi variées qu’un défilé de policiers à Chicago, une remontée du Nil en Égypte, des geishas au Japon ou le couronnement du Tsar Nicolas II en Russie, etc. Leur cinéma ne sera pas que documentaire, leur catalogue sera vite agrémenté de films plus écrits, plus burlesques comme L’Arroseur arrosé ou bien Le Faux Cul-de-jatte.

Le prestidigitateur Georges Méliès, présent le soir de la première projection des films des Lumière à Paris, comprendra immédiatement le potentiel magique sans limite d’un appareil tel que le cinématographe Lumière. Malheureusement, ses tentatives pour acheter le brevet resteront vaines et il devra attendre avril 1896 pour récupérer le brevet d’un appareil concurrent et réaliser ses propres films. Méliès fait entrer le cinéma dans l’ère du spectacle.

L’idée est de montrer aux élèves ce qu’on appelle des « vues Lumière » et ce qu’on appelle des « tableaux Méliès ». Ils doivent essayer de formuler des hypothèses quant aux caractéristiques techniques qui différencient la vue du tableau.

Pour ce faire, nous allons partir de deux films :

- La Sortie des usines Lumière de Louis Lumière (1895)


- Le Papillon fantastique de Georges Méliès (1909)



Il faut assortir ces projections d’un certain nombre de questions visant à établir les caractéristiques techniques des deux réalisations :

  • le film des Lumière : que voit-on ? Que font les gens ? Où vont-ils ? Quelle est la durée du film ? Que fait la caméra ?

L’idéal est de montrer le film deux ou trois fois pour permettre aux élèves de bien repérer les diverses caractéristiques et déterminer la durée.

Réponses : on voit des gens qui sortent de l’usine Lumière. Ils sortent sans doute après une journée de travail et rentrent chez eux. Ils sont très nombreux. Le film dure environ 50 secondes et la caméra ne bouge pas. On dit que le cadre est fixe. En plus, on remarque que les gens quittent le cadre, y entrent (on voit même un gros chien entrer puis sortir du cadre), on dit alors que le cadre est ouvert.

Les films des Lumière durent en moyenne moins d’une minute (une cinquantaine de secondes) car la qualité de pellicule à l’époque ne permet pas d’obtenir des bobines plus longues qui ne cassent pas.

Lorsque l’on aborde les films des Lumière, on parle de « vues », terme qui souligne le réalisme quasi-documentaire de ce cinéma des origines.

Voir d’autres films célèbres comme Le Repas de bébé, Le Débarquement du congrès de photographie à Lyon, L’Arroseur arrosé » (qui préfigure déjà le burlesque…), etc. Le reste de la séance consistera à montrer des films en demandant aux élèves d’utiliser leur petit tableau (ci-dessous) puis de justifier leurs réponses oralement.

  • le film de Méliès : que voit-on ? Que font les gens ? Quelle est la durée du film ? Que fait la caméra ? Est-ce que cette scène est réaliste ?

Réponses : on voit un homme, un magicien, qui fait apparaître une femme-papillon puis une autre femme dans une étoile. Soudain, la femme-étoile se transforme en femme-araignée qui attrape la femme-papillon et la dévore. Elle sème ensuite le chaos sur la scène du magicien.

Ici, la caméra est une nouvelle fois fixe mais elle filme une scène préparée en studio, totalement surréaliste, bien loin de la réalité saisie sur le vif par les frères Lumière. Le cadre est complètement fermé, c’est-à-dire qu’il contient toute l’action et qu’aucun personnage n’y entre ni n’en sort. La caméra de Méliès filme une scène de théâtre, le cadre embrasse la scène où se joue le spectacle (de haut en bas, de gauche à droite).

Lorsque l’on parle des films de Georges Méliès, on parle de « tableaux ».

Tout son cinéma ultérieur (voir si possible Le Voyage dans la lune de 1902, Le Mélomane de 1903, L’Homme à la tête de caoutchouc de 1902) est construit en « tableaux » fixes, parfois ouverts mais qui présentent une scène puis lorsque la scène est terminée, on construit un autre décor et on passe à un autre tableau. Le reste de la séance consistera à montrer des films en demandant aux élèves d’utiliser leur petit tableau (ci-dessous) puis de justifier leurs réponses oralement.

Petit tableau à distribuer aux élèves et à compléter après le travail :


David Ridet, enseignant missionné auprès de Ciclic par le Rectorat de l’académie d’Orléans-Tours (sept. 2014).