Séance 3 - De la naissance du cinéma à l’arrivée du parlant

Objectif de la séance

Il s'agit de relier la thématique du parcours (le son) à l'art cinématographique et donc de montrer en quoi le cinéma est un art AUDIO-visuel.

Matériel nécessaire : un ordinateur avec enceintes pour visionner des extraits.

Lumière et Méliès

Montrer ces deux films des frères Lumière :
Place des Cordeliers (1895) 
Arrivée d'un train en gare de la Ciotat (1895) 
Demander ce que l'on voit, ce que l'on entend. Demander pourquoi on n'entend pas de son. Selon les réponses, parler de technique et dire qu'à la naissance du cinématographe, on n'avait pas de moyen technique pour enregistrer du son. Donc les premières séances du cinématographe étaient silencieuses, hormis le son produit par les spectateurs eux-mêmes.

Montrer ce film de Georges Méliès :
Le Mélomane (1093) 
Demander aux élèves de réagir sur les différences visuelles et sonores qu'ils ont pu constater avec les deux premiers films. Le Mélomane montre l'extrait de ce qui pourrait être un spectacle de cabaret alors que les deux premières vidéos ont un côté beaucoup plus réaliste. La bande sonore qui accompagne ce film est très enjouée, sautillante, à l'image du personnage du film qui créé sous nos yeux cette portée aux notes qui prennent un visage humain. Ce spectacle ressemble à un tour de magie et la musique évoque vraiment le music-hall, ou les comédies. Très tôt à la naissance du cinéma, des partitions musicales ont été écrites pour agrémenter les projections. Souvent, les morceaux composés spécialement pour le film ont été perdus, remplacées par d'autres.
Aujourd'hui, on accompagne parfois les films anciens avec des musiques très contemporaines. (cf. Le Voyage dans la Lune, de Georges Méliès, accompagné par la musique de Air )

Charlie Chaplin

Charlie Chaplin fait partie des grands auteurs du cinéma burlesque des années 1920 – 1940 aux États-Unis. Projeter cet extrait du film Le Kid (1921) et demander aux élèves de réagir à la bande-son. Il s'agit d'essayer de leur montrer que la musique illustre vraiment l'extrait, souligne parfois les gestes mêmes des personnages (demander à quels moments). Et pour cause, Chaplin a composé lui-même la bande-son d'une bonne partie de ses films, dont celle du Kid. La musique n'est donc plus seulement un fond sonore, elle participe, tout comme la mise en scène par exemple, à la tension dramatique du film. Contrairement à d'autres bandes musicales, on sait que celles des films de Chaplin, puisqu'elles faisaient partie intégrante de l'œuvre d'art, sont aujourd'hui très semblables à ce qu'elles étaient dans les années 1920-30.

Le cinéma parlant

Montrer cet extrait du Chanteur de jazz, d'Alan Crosland (1927)  et demander des réactions. En quoi cet extrait est-il différent de tous les extraits projetés jusqu'ici ?
Ce film est considéré comme le premier film parlant de l'histoire du cinéma car s'il est globalement construit comme un film traditionnel (muet, cartons de dialogues), il contient cette séquence qui a fait sa célébrité et transformé toute l'industrie américaine du cinéma à l'époque.

Comparaison film muet – film parlant
Buster Keaton – Le Mécano de la General (1926) 
Jean Renoir – La Chienne (1931) 

Montrer les deux extraits et demander de réfléchir à la particularité du film de Jean Renoir.
Si les élèves n'en parlent pas, aborder avec eux la scène de la danse en plan rapproché entre les deux personnages. Impression étrange du spectateur de littéralement « tenir » les personnages et de danser avec eux. Rien de cela chez Keaton ou l'on trouve des plans fixes et plutôt larges.
Aborder la notion de cadre (resserré chez Renoir, scène d'intimité ; large chez Keaton, le comique visuel a besoin d'espace pour exister dans le cadre) et rajouter la donnée technique de la prise de son. Chez Renoir, on entend les personnages parler.

Au début des années 1930, la prise de son en conditions de tournage est encore archaïque, le micro pend au-dessus de la tête des acteurs. L'élargissement du cadre est alors périlleux, le risque étant de faire apparaître ce micro.
Deux sortes de cinéma voient le jour à la fin des années 1920 dans le sillage du Chanteur de jazz : d'un côté les films qui privilégient la prise de son à des fins commerciales, au détriment parfois de la mise en scène, de l'autre les cinéastes qui, conscients des conséquences visuelles qu'induit l'incorporation de la prise de son, vont continuer à produire un cinéma muet. Charlie Chaplin est un artiste emblématique dans cette résistance, lui qui incorporera des bruitages à très faibles doses (dans Les Lumières de la ville en 1932 puis dans Les Temps modernes en 1936) avant de réaliser son premier film parlant, Le Dictateur, en 1939, soit plus de 10 ans après Le Chanteur de jazz)


David Ridet, enseignant missionné auprès de Ciclic par le Rectorat de l'académie d'Orléans-Tours (Janvier 2015)