6. Présenter un film en VOST à un jeune public

Avant la projection d’un film en VOST dans le cadre d’une séance qui s’adresse à un jeune public, il est important de préciser à ce dernier que le film en question lui sera montré avec ce mode de traduction. Cela permettra d'éviter des mauvaises surprises lors de l’apparition des premières lignes de sous-titres.

Plutôt que d’aborder frontalement le problème du sous-titrage, au risque d’exacerber d'entrée de jeu d’éventuelles réactions négatives, il peut être intéressant d'évoquer la nationalité du film, le contexte géographique et culturel dans lequel il se déroule, pour en venir aux questions linguistiques et à la nécessité de la traduction. Enfin, le choix du mode de traduction doit être présenté et justifié (cf. « Quels sont les avantages de la VOST » dans la partie 1 de ce parcours : « Se préparer à la VOST »).

En cas de « résistance », il faut dédramatiser. Si l’on n’a pas le temps de tout lire, ce n’est pas grave : on comprendra tout de même l'essentiel de l’histoire. Les actions ou les événements scénaristiquement importants ont rarement lieu lorsque les personnages sont en train de parler, donc on risque peu de rater des informations visuelles indispensables à la compréhension du récit pendant qu’on lit les sous-titres. On peut aussi rapidement parler des conditions de réalisation du sous-titrage (cf. « Les étapes de réalisation d'un sous-titrage » dans la partie 2 de ce parcours : « Qu'est-ce que le sous-titrage ? ») et des contraintes qui s'imposent aux traducteurs pour offrir au public une traduction à la fois fidèle à l’esprit du film et facile à lire.

 

Affiche du film M Le Maudit

Reprenons ici une proposition de présentation de M le Maudit (1931) de Fritz Lang qui a été faite aux salles de cinéma de Franche-Comté à l'occasion de la diffusion du film dans le cadre de « Lycéens et apprentis au cinéma », présentation qui intègre la question de la langue et de la VOST : 

Avec « Lycéens et apprentis au cinéma », vous allez découvrir cette année trois films en salle de cinéma :

. des films souvent très différents de ceux que vous connaissez

. des films de différents pays, genres et époques.

Aujourd’hui, nous vous présentons M le Maudit. C’est un film allemand, réalisé en 1931 par Fritz Lang qui était à l’époque l’un des cinéastes les plus connus au monde. 

Fritz Lang est né à Vienne en 1890, soit cinq ans avant la naissance du Cinématographe. Il devient réalisateur à l’époque du cinéma « muet », dans les années 1920. Il réalise entre autres des films de science-fiction, d’espionnage et une fresque médiévale.

Avec M le maudit, Fritz Lang veut faire un film plus réaliste. Pour cela, il se documente, rencontre des policiers, des criminels, des psychiatres. D'après lui, il aurait engagé de véritables criminels en tant que figurants. Pendant le tournage, certains se seraient avérés absents au moment du tournage, parce qu'entretemps ils avaient été arrêtés par la police.

M le Maudit est le premier film parlant de Lang : à la fin des années 1920, l’évolution de la technique permet de faire des films avec une bande son synchronisée. Celle de M le Maudit est très travaillée et parfois presque expérimentale, et elle reste surprenante aujourd’hui (peu de sons et quasiment pas de musique, « ponts sonores » audacieux d'un plan à un autre).

Le film est en noir et blanc : le premier long métrage de cinéma « en couleurs naturelles » sortira quatre ans plus tard, en 1935.

Ce film vous sera projeté en version originale allemande, sous-titrée en français. Cela vous permettra de vous plonger dans l’atmosphère de l'Allemagne de l’époque. Les comédiens ont différents accents, différentes intonations qui les caractérisent et que la version originale permet de percevoir. Même si vous ne parvenez pas à lire tous les sous-titres, le film est aisément compréhensible : les images racontent beaucoup par elles-mêmes.

 Photogrammes du film M Le Maudit

 


Auteur : Marc Frelin, coordinateur du dispositif "Lycéens et apprentis au cinéma" en Franche-Comté.
Supervision : Jean-François Buiré.
Ciclic, 2018.

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