Séance 5 : Règle des 180°

Matériel nécessaire

. un ordinateur
.
une imprimante couleur
un vidéoprojecteur
.
 une paire d'enceintes
.
 un écran, ou une surface sur laquelle on peut projeter des images.

Objectif de la séance

Après des séances consacrées à la théorie et à l'analyse filmique et avant de passer aux raccords son, cette séance permet de mettre en pratique ce qui a été étudié tout en abordant quelques dernières règles de base du raccord image.

Pour ce travail, on utilisera des plans au sol, ce qui permettra aux élèves de manipuler des images.

On part du plan ci-dessous, extrait du film Psychose (Psycho, 1960) d'Alfred Hitchcock.


Poser les questions suivantes : quelle est la position du spectateur par rapport aux personnages ? Quelles sont les positions respectives de ceux-ci ? Que font-ils ?

Réponse : le spectateur observe la scène et les personnages « par au-dessus », comme si son point de vue était celui du plafond. Le personnage situé à gauche de l'image arrive en haut d’un escalier et celui situé à droite droite se dirige vers lui, un couteau à la main.

Proposer ensuite une représentation modélisée de cette image : un « plan au sol ».

Les personnages sont représentés par des « D » dont la partie droite représente le dos et la partie arrondie indique la direction du regard/du déplacement.

Sur un plan au sol, on marque la position de la caméra avec un triangle  : la partie pointue représente l’axe de fixation de la caméra, la partie évasée indique la direction de la prise de vues.

 

Règle des 180°

Afin d’expliquer le plus clairement possible cette règle élémentaire de la construction d’un champ–contrechamp, revenons sur le premier extrait de Mon voisin Totoro (déjà visionné lors de la séance 4).

Extrait 1 : Mon voisin Totoro (1986) d'Hayao Miyazaki.

Ce court extrait comprend trois plans (on peut demander aux élèves de les compter et décrire) : P1 (sur Satsuki), P2 (contrechamp de P1 sur le couple en mobylette), enfin « reprise » de P1 (plan sur Satsuki).

Si on modélise l'espace que met en scène cet extrait, on obtient le plan au sol suivant :

Nota :

Cette séance propose en pièces jointes les plans au sol déconstruit de cette scène de Mon voisin Totoro et du plan de Psychose décrit ci-dessus. On peut les imprimer, les découper et ainsi proposer aux élèves de les reconstituer par eux-mêmes.
.
 Les positions de caméra sont imaginaires, en l'occurrence : il s'agit d'un dessin animé qui reproduit les modes de cadrage et de point de vue du cinéma en prises de vues réelles, mais qui n'a pas eu effectivement recours à une caméra.
.
L’exercice n’est pas aisé car on touche ici à la représentation mentale de l’espace, que tous les élèves ne maîtrisent pas d'emblée. Il faut prendre le temps d'expliquer le principe du plan au sol, en rappelant qu'il s'agit d'un point de vue en plongée totale sur la scène et sur les personnages.

Extrait 2 : Mon voisin Totoro (1986) d'Hayao Miyazaki.

Cet extrait est le même que le précédent, à ceci près qu'on en a inversé horizontalement le deuxième plan. Les élèves peuvent constater que le couple à motocyclette n’arrive plus de la droite de l’image, mais de la gauche. Quel effet ce changement produit-il ?

Réponse : on peut avoir l’impression que le couple à motocyclette arrive derrière la petite fille.

Pour comprendre ce phénomène, envisageons les photogrammes suivants.

Images extraites du dossier « Mon voisin Totoro » :

Dans le premier plan, Satsuki regarde vers la droite de l’image. Selon une habitude perceptive prise par le spectateur de cinéma, on s'attend à voir arriver ce que regarde Satsuki par la droite du plan suivant. C’est la direction du regard du personnage qui guide le regard du spectateur dans ce deuxième plan. Il s'ensuit que si l’objet du regard du personnage du premier plan arrive par la gauche, le spectateur peut avoir l’impression d’une saute. On s'attend à ce qu'une chose apparaisse dans une zone particulière de l’image, selon une certaine direction (cf. les flèches rouges), mais ce n'est pas le cas.

Reprenons le plan au sol qui modélise l'espace de l'extrait.

Satsuki, le personnage du premier plan et le couple du deuxième plan de cet extrait sont unis par une ligne imaginaire résultant du croisement virtuel de leurs regards. C’est ce qu’on appelle une « ligne d’intérêt » (en pointillés rouges sur le plan).

Cette ligne d’intérêt délimite une « zone interdite » (hachurée en gris dans la partie haute du plan au sol), zone dans laquelle on évite de placer la caméra qui filme les personnages sous peine de créer un « faux raccord ». C'est ce qu'on appelle la règle des 180°, enfreinte dans la deuxième version de l'extrait de Mon voisin Totoro(créée pour les besoins de l'exercice) qu'on vient de visionner.

SUITE


Auteur : David Ridet, coordinateur cinéma de l'académie d'Orléans-Tours. Ciclic, 2018.