Séance 3 : Couleurs et mouvement

Jusqu'à présent, nous avons abordé les couleurs dans leur fixité. Or le cinéma est l'art des images en mouvement. Mais dès avant l'invention du septième art et bien avant que celui-ci abandonne le noir et blanc, il a été possible de créer du mouvement, ou l'illusion du mouvement à partir de lignes et de dessins abstraits colorés.

Pour rester dans le domaine des illusions d'optique, nous pouvons retrouver les exemples suivants, toujours impressionnants :

Les pulsations colorées

Il s'agit non pas d'un mouvement réel mais d'une illusion de mouvement : ce n'est pas l'image qui bouge mais nos yeux qui se déplacent très rapidement pour embrasser l'ensemble de l'image. Notre cerveau fait généralement abstraction de cette activité (sinon nous verrions le monde trembloter perpétuellement) mais lorsque nous regardons attentivement des motifs de couleurs vives et des lignes dynamiques notre cerveau se trompe : il sait que quelque chose bouge mais il pense qu'il s'agit de l'image et non de nos yeux.

Voici donc comment animer une image fixe !

D'autres illusions ici.

Jouer avec la persistance rétinienne

Un autre procédé consiste à mobiliser ce que l'on appelle la « persistance rétinienne », laquelle est l'un des fondements de la perception du mouvement au cinéma qui, rappelons-le, est à l'origine la restitution du mouvement à partir d'images fixes (les photogrammes) projetées à une certaine vitesse. Notre cerveau permet de voir du mouvement dans ces images fixes parce qu'il garde en mémoire l'image précédente à laquelle il lie l'image suivante.

Voici quelques jeux optiques fondés sur la persistance rétinienne, ou sur des effets de saturation (nous ne voyons plus ce qui existe pourtant toujours devant nos yeux).

. Fixez l'escargot pendant une trentaine de seconde, puis fixez un mur blanc, en clignant éventuellement des paupières. Que voyez-vous ? L'escargot apparaît en magenta. L'explication est la suivante : l'image s'imprime sur ce que l'on appelle les « cônes » de notre rétine. Au bout d'un moment, les cônes qui perçoivent le vert saturent, ils n'arrivent plus à enregistrer la couleur verte. Les cônes qui enregistrent le bleu et le rouge prennent le relai et leur mélange donne du magenta sur un mur blanc, tandis que la forme même de l'escargot est encore présente dans notre cerveau.

  

. Un autre exemple de jeu avec la persistance des images : la disparition des couleurs.

Fixez la cible au centre de l'image pendant 30 secondes en essayant de ne pas cligner des yeux. Que se produit-il ?

Certaines tâches bleues vont finir par disparaître : quand les cônes sont fatigués, saturés de percevoir une couleur, ils cessent d'envoyer des signaux au cerveau. La couleur est toujours présente mais vous ne la percevez plus !

 

 

Créer des rythmes colorés

Marcel Duchamp s'est beaucoup amusé à créer des rythmes colorés à partir de disques, qu'il a appelés des rotoreliefs.

Le principe consistait à dessiner des disques décentrés sur un disque principal et à faire tourner celui-ci, le résultat est étonnant, donne l'impression de relief alors même que le dessin de départ est parfaitement plat.
Quelques exemples de rotoreliefs contemporains pouvant donner des idées de création.


Parcours conçu par Suzanne Hême de Lacotte (avril 2015)