Séance 9 : À quoi sert la couleur ?

La couleur au cinéma, nous l'avons vu, peut bien avoir une fonction purement esthétique, poétique, qui permet de recréer le monde comme si nous le voyions avec des lunettes colorées. Mais au cinéma, comme dans la vie, les couleurs ont aussi des fonctions bien précises, acceptées de tous ; elles deviennent des conventions.

Elles servent par exemple à comprendre clairement et rapidement un message : lorsque le feu est rouge, les voitures doivent s'arrêter, lorsqu'il est vert, elles peuvent avancer. Le rouge est souvent associé à l'idée d'interdiction, comme sur un panneau de sens interdit (images extraites de Maluch La petite voiture (1965) de Lucjan Dembinski).

Quel sens peut-on aussi donner à la couleur rouge ? Signifie-t-il toujours le danger, l'interdiction ?

Sur cette image du film Tout ce que le ciel permet de Douglas Sirk, la robe rouge de l'actrice est-elle synonyme de danger ? (Pensez aux roses rouges que s'offrent les amoureux)

Énumérez plusieurs couleurs, tentez d'y associer un univers, des émotions, des fonctions particulières.

Les couleurs servent aussi à identifier certains objets de façon quasi immédiate. Par exemple, de quel type de véhicule d'agit-il ici ?

 

 

 

 

 

Identifier des groupes

Au cinéma, le noir et blanc crée une certaine confusion dans la reconnaissance des groupes qui s'opposent. La couleur aide à y voir plus clair.
Dans Peau d'âne de Jacques Demy, il existe plusieurs groupes : le royaume bleu, le royaume rouge et l'univers blanc qui réunit les amants. Grâce à ces couleurs, on sait immédiatement à qui on a affaire, à tel point que la couleur envahit tout l'espace, les objets et les animaux.

On peut demander aux enfants de réfléchir à des situations où les couleurs servent aussi à distinguer des groupes (des équipes de foot, des pions dans des jeux de société ou des cartes à jouer...) Des tableaux à couleur « unique » peuvent être réalisés à partir d'objets récupérés : le tableau bleu, le rouge, le vert... Et chacun portera le nom d'une émotion.

Susciter des effets de matière sur une surface plane (l'écran de cinéma)

Pour son film Azur et Asmar, Michel Ocelot a utilisé plusieurs techniques d'animation pour créer un univers tout en couleurs, mais aussi riche de textures diverses.
Dans cet extrait, vous remarquerez que les vêtements sont faits d'aplats de couleurs (il n'y a par exemple aucun effet de plissé). En revanche, les épices sont représentés de façon très précise, presque photographique.
Sur cet autre extrait, on découvre de plus la finesse du décor et le traitement des bijoux de la nourrisse qui semblent être en relief (contrairement aux vêtements).

Pour réaliser son film, Michel Ocelot s'est inspiré de divers univers picturaux, comme par exemple :

. Les enluminures, pour les décors (ici, une illustration des Très Riches Heures du duc de Berry, par les frères de Limbourg, XVe siècle).
. Le peintre le Douanier Rousseau pour les scènes dans la nature (ici, Les Singes amoureux).
. Les miniatures persanes pour représenter la ville arabe et la précision de certains décors (ici, représentation du Jardin de la Rose du Pieux de Djami, 1553).


Atelier

À votre tour, expérimenter le mélange des couleurs et des textures en employant la technique des aplats de couleurs, le collage de tissus ou de papiers à motifs très précis et répétitifs (pourquoi ne pas essayer de les dessiner également), le collage d'objets réels (perles ou autre) pour donner du relief.
La richesse des couleurs dans un film ne va pas sans une réflexion sur la lumière qui les réfléchit et les matières et les textures qui les rendent concrètes.


Parcours conçu par Suzanne Hême de Lacotte (avril 2015)