13. Coups de mémoire

Dans ses deux films d'inspiration ouvertement psychanalytique, La Maison du Docteur Edwardes et Pas de printemps pour Marnie, Hitchcock montre comment la mémoire, en présence d'indices du traumatisme originel, peut se fermer à double tour pour empêcher l'accès au souvenir conscient de ce dernier (au moyen de ce qu'on appelle en psychanalyse des « souvenirs-écrans » — terme à l'évidente résonance cinématographique). Ironiquement, Hitchcock tire de l'expression de cette clôture mnésique des effets visuels, musicaux et dramatiques qui, pour leur part, impressionnent durablement la mémoire du spectateur.

Mais les souvenirs finissent par refaire surface, non sans efforts épuisants et révélations douloureuses : tout se passe comme s'ils étaient de nouveau vécus au présent.

Ce retour du souvenir se fait souvent chez Hitchcock sur le mode brutal du resurgissement. On parle de coup de foudre ou de coup de théâtre, on pourrait en l'occurrence parler de « coup de mémoire ». Le souvenir revient en pleine face, et l'accent est souvent mis, dans ces moments, sur les visages. Dans Sueurs froides, l'effet de surgissement est accentué par une impression de « précipité » du souvenir, dû au mouvement de la musique et à un montage resserré d'événements auxquels le spectateur du film a déjà partiellement assisté.

NOTA : les références des extraits de films cités sont mentionnées à la fin des montages vidéo qui en sont composés.

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Auteur : Jean-François Buiré. Ciclic, 2015.