16. Objets-souvenirs

La représentation concrète du souvenir passe aussi par des objets, preuves ou indices du passé.

Dès Le passé ne meurt pas, une carafe est l'objet qui permet de passer du présent d'un procès au passé du souvenir. Dans la suite de l'œuvre de Hitchcock, ces objets qui transitent entre passé et présent seront multiples et variés, et parfois très mystérieux, telle la sculpture aux mains jointes dans Psychose.

Durant le voyage en train de Une femme disparaît, la jeune héroïne est la seule à se rappeler de Miss Froy, la vieille dame du titre du film : les autres voyageurs s'évertuent à la convaincre que celle-ci n'a jamais existé que dans son imagination. Ce sont des traces matérielles du passage de Miss Froy dans le train, d'abord évanescentes puis de plus en plus concrètes, qui vont convaincre la jeune femme et son compagnon de voyage qu'elle n'est décidément pas folle.

Dans Rebecca, une autre jeune femme se voit régulièrement confrontée aux souvenirs matériels de la première épouse décédée de son mari, qui semblent avoir une existence autonome et dont beaucoup sont marqués à l'initiale du prénom de celle-ci : le R de Rebecca.

Au début de Fenêtre sur cour, le mode de vie antérieur de l'homme à la jambe plâtrée, et la cause dudit plâtre, sont suggérés au spectateur par un défilé d'objets et de photographies, raccourcis visuels de l'existence du personnage en question.

La photographie est d'ailleurs très souvent, chez Hitchcock, un vecteur de mémoire privilégié. Premier exemple dans Laquelle des trois ?, où la photo de mariage du veuf amène ce dernier à un autre souvenir objectivé : le rocking-chair de l'épouse disparue.

NOTA : les références des extraits de films cités sont mentionnées à la fin des montages vidéo qui en sont composés.

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Auteur : Jean-François Buiré. Ciclic, 2015.