4. Mémoire affective

Le cinéaste François Truffaut soulignait la forte charge émotionnelle des films d'Alfred Hitchcock, qui coexiste avec l'expérimentation formelle. Nostalgie, mélancolie, regrets, remords ou amertume sont souvent inséparables du souvenir hitchcockien, comme en témoignent ces quelques extraits.
Deux films sont plus particulièrement traversés par cette charge affective du souvenir : L'Ombre d'un doute et Les Amants du Capricorne. Rien d'étonnant dans le cas de ce dernier film, qui se présente comme un mélodrame. En revanche, dans L'Ombre d'un doute, la relation nostalgique de l'oncle Charlie et de sa sœur à leur passé familial semble de prime abord secondaire par rapport à l'intrigue criminelle : à y regarder de plus près, elle est en fait une part essentielle du film.
Dans La Corde, un des deux jeunes assassins se trouble au souvenir de « meurtres » de jeunesse, racontés par son complice (trouble qui semble affecter le cours du film lui-même : c'est un des rares moments où intervient un champ-contrechamp, faisant mentir sa réputation de « film qui semble n'être fait que d'un seul plan »). En revanche, dans le dernier film d'Alfred Hitchcock, Complot de famille, on assiste à l'envers terrifiant de cette charge émotionnelle du souvenir : un personnage évoque avec une totale absence de remords un assassinat épouvantable commis dans sa jeunesse.

NOTA : les références des extraits de films cités sont mentionnées à la fin des montages vidéo qui en sont composés.

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Auteur : Jean-François Buiré. Ciclic, 2015.