La postproduction

Une fois le tournage terminé, l’ensemble des rushes visuels et sonores sont rassemblés, puis synchronisés (par correspondance de l’image et du son d’une même prise). Dans le cas de L’Infante, l’Âne et l’Architecte, il a fallu également réunir en un même cadre par le biais de trucages plusieurs éléments visuels filmés séparément.

Grâce aux différents rapports tenus par la scripte, les rushes sont ensuite remis dans l’ordre de la chronologie du scénario et attentivement visionnés par le réalisateur et le monteur (personne qui va en assurer le montage). Celui-ci n’a pas été présent au tournage et ne sait donc rien des conditions dans lesquelles les plans ont été tournés. Le regard neuf et distancié qu’il porte ainsi sur les rushes est très bénéfique au réalisateur, dont l’esprit est encore empli des émotions et de la fatigue du tournage.
Le dialogue est la composante essentielle de leur travail en commun. La première étape de celui-ci consiste à faire le choix entre les différentes prises d’un même plan. Le monteur procède ensuite à un « bout-à-bout » des éléments choisies pour les replacer dans la chronologie de l’histoire. Commence ensuite, séquence par séquence, un long et méticuleux travail de coupe, de raccord et d’organisation des plans entre eux. Effectué sur ordinateur pendant deux à trois mois pour un long-métrage, il consiste à façonner l’harmonie, le rythme et la structure du film. Le montage constitue pour le réalisateur une nouvelle étape d’écriture de son œuvre et il est fréquent que certains éléments du récit initial s’en trouvent modifiés.

Une fois la version définitive du film obtenue à l’image, débute le montage du son. Pris en charge par un second monteur dont c’est ici la spécialité, il s’effectue lui aussi sur ordinateur. Les sons directs subissent tout d’abord un « nettoyage » au cours duquel on se débarrasse de tout ce qui vient les parasiter. Y sont ensuite adjoints les effets, bruits particuliers et ambiances sonores enregistrés pendant le tournage par l’ingénieur du son. Auxquels s’ajoutent enfin les éléments tels que musiques (composées pour le film ou préexistantes), voix off ou bruitages.
Dans le cas de L’Infante, l’Âne et l’Architecte, cette étape a été déterminante pour la constitution de l’univers si particulier dans lequel se déroule son histoire. Lorenzo Recio a en effet considéré la bande sonore de son film comme une composition musicale à part entière, ce qui a entraîné une transformation très précise des caractéristiques de chacun des sons issus ou non du tournage (également appelée « échantillonnage »).
L’accumulation de pistes sonores ainsi obtenue est harmonisée et modulée au cours du mixage en auditorium. Méconnu du grand public, le travail du mixeur a pourtant une influence considérable sur la création du climat dramatique du film. Les émotions que ressent le spectateur en le regardant sont souvent suscitées ou accentués par les caractéristiques et l’intensité des sons accompagnant une action. Le mixage est donc un moment très important pour le réalisateur, puisqu’il représente celui des chois ultimes. Il peut durer un mois entier pour un long métrage.

Le film entre ensuite dans une période de travaux techniques effectués en laboratoire. De ceux-ci, nous retiendrons essentiellement :
- l’étalonnage dont est responsable le directeur de la photographie et qui consiste à rendre homogène la couleur des plans entre eux
- la fabrication des copies numériques.

Une fois en possession des copies, le producteur peut enfin exploiter le film. Il lance alors sa promotion et sa distribution en salles, à laquelle succèderont des diffusions télévisées qui lui permettront, dans le meilleur des cas, d’en tirer des bénéfices.
Pour le réalisateur, c’est un nouveau marathon qui commence, celui des rencontres avec le public, des explications et des critiques. Auréolé de succès ou accablé par l’échec, il lui faut en tout cas retrouver au plus vite l’énergie et l’inspiration d’un nouveau projet.

Rafaël Lewandowski, réalisateur.