Parcours pédagogique autour de la création d’un podcast cinéma avec le jeune public proposé par Tiffany Kleinbeck Peset.
Des objectifs artistiques et pédagogiques :
- Mettre en sons et en mots l’émotion esthétique des plus jeunes par l’outil podcast.
- Accompagner les expériences naissantes des jeunes spectateurs tout en les valorisant au sein d’un projet inventif, collaboratif (et économique).
- Encourager le partage de leurs goûts et aiguiser leur esprit critique.
- Développer des outils pour les mettre en confiance, afin qu’ils puissent exprimer leur plaisir cinéphile de manière décomplexée et enjouée, sans rien perdre de leur spontanéité.
Dans le cadre d’une démarche d’éducation aux images, ce parcours pédagogique est destiné à utiliser le podcast comme outil de médiation et de transmission, afin d’accueillir et de valoriser la parole des enfants. Ce parcours peut être adapté à des groupes dès l’âge de 5 ans. La maîtrise de l’écriture n’est pas nécessaire.
Le son : notre 1ère expérience du réel
Le rapport au son des plus jeunes et leur autonomisation face à l’écoute d’histoires et de podcasts se sont largement développés ces dernières années. Les boîtiers à histoires ou enceintes éducatives remplissent désormais les foyers dès l’âge de 3 ans, encourageant ainsi les enfants à être de plus en plus indépendants dans leur rapport au son. Sans écran, ces petites fabriques mobiles à histoires permettent de développer autant l’imagination que le langage, et d’améliorer leur concentration par des moments d’écoute active. Ces enceintes peuvent également proposer aux jeunes auditeurs de choisir l’ordre et les éléments qui vont composer leur récit. Ils écoutent ainsi les histoires qu’ils auront créées. Une petite révolution créative et pédagogique qui bouleverse et renouvelle le lien à la matière sonore.
Comment expliquer cet engouement actuel pour le son dès le plus jeune âge ?
Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui le podcast semble devenir le média culturel favori des familles ?
Peut-être est-il bon de rappeler que le son est la première expérience du réel que l’on fait dans le ventre maternel, le premier élément que l’on perçoit de l’environnement extérieur qui nous attend. S’ils peuvent parfois se montrer agressifs, les sons de l’enfance sont en général rassurants. Ils apaisent, à l’image du rituel entre 0 et 6 ans de la lecture de l’histoire du soir. Une bulle vocale, une parenthèse sonore, un voyage chuchoté, parsemé souvent de quelques images, les illustrations d’un album jeunesse, pour mettre en confiance, pour faire émerger de nouvelles images, nos propres images mentales. Des mots, des voix, un rythme, qui nous ramènent à une matière sonore que l’on peut apprivoiser plus facilement que le flot d’images qui nous assaille en journée.
Le podcast : un outil de médiation, vecteur d’émotion
La création et l’écoute (en solo ou en famille) de podcasts destinés aux enfants ont ainsi explosé ces derniers temps. Ce que vous propose ce parcours éducatif est d’utiliser ce nouveau média, qui est devenu assez familier du jeune public, comme outil pédagogique pour les accompagner à prendre la parole avec plaisir et de manière inventive autour de leur découverte du cinéma. Le podcast aura de multiples fonctions : il sera investi à la fois comme un outil de médiation, d’expression, d’appropriation et de prolongement d’une expérience esthétique. A travers lui, les jeunes spectateurs en herbe vont ainsi être invités à créer leur propre outil de lecture, d’analyse et de diffusion de leur décryptage des œuvres cinématographiques, à travers la fabrication d’une matière sonore inédite. Par ailleurs, ce parcours est particulièrement conseillé pour lever certains freins à la prise de parole au sein d’un groupe, telle que la timidité ou le manque de confiance en soi. Le processus d’enregistrement au casque et micro, parfois dans un studio improvisé qui isole et protège, tout comme la diffusion sur les ondes en décalé, sans la présence d’un public, rassurent et peuvent aider à lutter contre les inhibitions. La fabrication collective d’un podcast, en tant que dispositif technique et éducatif, favorise ainsi à la fois le développement d’une qualité d’écoute active et respectueuse du groupe (on ne coupe pas la parole), tout en encourageant le développement d’une expression orale et e partage de ses goûts.
Cinéma et podcast : un dialogue créatif
Le son « cinéphile » nous permet aussi de nous détacher des images filmiques dont on parle, d’aller plus loin dans leur évocation et leur analyse, de s’autoriser des détours et des errances à partir des mots, sans trahir les images pour autant. On fait appel au souvenir de ces films, aux traces et sensations qu’ils ont laissées chez les spectateurs, à l’imaginaire et à l’affect des auditeurs. Les mots et ce que notre voix, notre phrasé en font, sont connectés à nos émotions. Il y a une résonance directe. Un lien intime et donc rassurant qui se tisse. Quelque chose de l’ordre de la confidence. On partage un secret, on propage dans un souffle une vérité, notre vérité.
Entre éducation aux images, journalisme radio, critique cinéma et sensibilisation à la posture théâtrale (pour trouver sa voix), la création collective avec les enfants d’un podcast sur le cinéma contient des enjeux variés, tout en impliquant du jeu, une expérience collective, et en transmettant du plaisir.
Pour aller plus loin
L’exercice de création sonore avec un jeune public dans un contexte culturel et pédagogique peut revêtir différentes formes.
- Un documentaire sonore : pour capter l’environnement sonore d’une expérience partagée, sur une longue durée.
- Une carte postale sonore : pour transmettre des instantanés, des souvenirs, des touches sonores d’un moment.
- Une capsule sonore : une petite forme ludique, l’assemblage sonore d’une expérimentation.
- Une lettre radiophonique : pour créer une correspondance sonore avec d’autres enfants (un exemple à écouter ici et un autre ici réalisés dans le cadre du dispositif d’éducation à l’image ECOLE ET CINEMA en Vendée).
Pour notre parcours pédagogique, la forme du podcast nous semblait la plus appropriée. Elle propose aux jeunes de s’impliquer de manière active, inventive et collaborative en étant aux commandes de la fabrication de leur matière sonore, que ce soit son contenu et sa forme.
Autrice
Titulaire d’une Maîtrise en Métiers de l’exposition et d’un Master Recherche en Histoire et critique des Arts, Tiffany Kleinbeck Peset s’est spécialisée depuis 15 ans dans la coordination et l’animation de projets d’éducation artistique et culturelle autour des images contemporaines et du cinéma. Que ce soit en tant que médiatrice, formatrice en ingénierie culturelle, enseignante en arts plastiques ou bien chroniqueuse cinéma sur Radio Campus, son approche est à chaque fois motivée par l’enrichissement culturel des publics de tous âges, et par la création d’un dialogue épanouissant au contact des œuvres et des artistes. Parallèlement, elle développe une pratique artistique autour du dessin jeunesse et de l'illustration. En 2023, elle a également lancé le podcast cinéphile à hauteur d’enfant « Vicky fait son cinéma » pour mettre en forme et en sons l’émotion esthétique des plus jeunes.
Légendes illustrations :
Intro :
© Tiffany Kleinbeck, 2023.
Séance 1 :
© Tiffany Kleinbeck, 2023.
Le Peuple loup de Tomm Moore et Ross Stewart, 2020. © Cartoon Saloon (WolfWalkers) Ltd /Mélusine Productions
Séance 2 :
Vanille de Guillaume Lorin, 2022. © Folimage / Nadasdy film.
Jeu de cartes Sortie de cinéma, 2022. © Premiers Plans / Passeurs d’images.
Séance 3 :
© Tiffany Kleinbeck, 2023.
Application VOIX, de Charlotte Leboucher et Romain Billard. © Cité de la Voix.
Séance 4:
© Tiffany Kleinbeck, 2023.
Séance 5 :
© Tiffany Kleinbeck, 2023.
Visuel du logiciel GarageBand, 2004. © Apple.
