Séance 7 - Les bruitages au cinéma (1/2)

Objectif 

Dans cette séance, il s'agit de montrer les difficultés techniques liées à la prise de son ou à sa reconstitution en postsynchronisation, ainsi qu'aux possibilités suggestives du son. On partira d'exemples précis pour se diriger, au cours de la séance 8, vers un petit exercice de pratique des bruitages à partir d'un extrait de film muet.

Matériel nécessaire : un ordinateur avec enceintes pour visionner des extraits.

Pour illustrer le propos de cette séance, on peut remontrer les deux extraits de Chantons sous la pluie (de Stanley Donen et Gene Kelly, 1952), où l'on voit tour à tour le tournage puis la projection d'un film à la naissance du cinéma parlant.
Poser ensuite la question suivante : quel(s) élément(s) peuvent venir perturber la prise de son sur un tournage ? (s'appuyer sur les extraits de Chantons... pour fournir des exemples).
Enchaîner avec la question suivante : comment remédie-t-on à ces perturbations ?
1. En supprimant tout son perturbateur au moment du tournage, ce qui est intimé sur le plateau par le fameux « Silence, on tourne ! ».
2. Ou, en cas d'impossibilité d'obtenir ce silence (dans le cas du tournage d'une scène en extérieur par exemple), en procédant à un doublage en postproduction (= postsynchronisation), c'est-à-dire après le tournage.

Utiliser ce nouvel extrait de Chantons sous la Pluie qui illustre parfaitement le propos.
Montrer l'extrait aux élèves et poser les quelques questions simples suivantes :
- tournage sur plateau ou en extérieur ?
- quel(s) problème(s) est à l'origine du doublage de l'actrice principale ?
- détaillez les 4 étapes de ce doublage : 1, enregistrement de la doublure vocale ; 2, apprentissage de la chanson par l'actrice à la voix horrible ; 3, tournage de la scène en play-back ; 4, synchronisation de la scène filmée et de la voix pré-enregistrée).

Des sons à l'image

Certains cinéastes ont fait de ce travail de bruitage en postproduction une véritable marque de fabrique. Parmi eux, le cinéaste français Jacques Tati est une référence.

Sans les images, faire écouter cette séquence de Mon Oncle (1958) 
Demander aux élèves de décrire les images qu'ils projettent sur ces sons.
Ensuite, leur demander de relever les bruits qu'ils entendent dans la scène. Que pensent-ils de ces bruitages ? Suggèrent-ils un univers réaliste ?
Après avoir montré la scène avec les images, demander à nouveau aux élèves ce qu'ils pensent des bruitages. Sont-ils réalistes ? Comiques ? Si oui, d'où vient le comique ?
On peut reproduire l'exercice avec cet autre extrait du même film. En demandant aux élèves les images qu'ils projettent sur les sons de cet extrait, on pourrait avoir de bien étonnantes surprises : un monstre endormi quand ils entendent la fuite de gaz qui donne l'impression de quelque chose de vivant ? Les pas de la secrétaire comparés à des petits coups d'aiguille sur une plaque de verre ?

Des images au son

On peut aussi procéder à l'inverse avec l'un ou l'autre extrait du film de Tati : montrer d'abord les images sans le son ; demander aux élèves quels sons ils associent à ces images ; confronter les réponses des élèves au son choisis par Tati.
Les élèves prendront bien conscience des multiples possibilités du bruitage.

Sur Jacques Tati, le cinéaste américain David Lynch, lui-même spécialisé dans le traitement du son, dit que « voir un film de Jacques Tati sans le son, ce serait perdre la moitié du sens et de l'humour du film ».
Jacques Tati à propos de son traitement des dialogues : « J'ai placé les dialogues au niveau des autres sons de la bande sonore, un peu comme des dialogues entendus dans une gare, sur un marché. Ce sont des bribes de phrases dont on ne comprend la plupart du temps pas grand chose tant ils sont incomplets » (version traduite de l'anglais)


David Ridet, enseignant missionné auprès de Ciclic par le Rectorat de l'académie d'Orléans-Tours – Janvier 2015