Séance 7 : Le raccord son

Matériel nécessaire

. un ordinateur
un vidéoprojecteur
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 une paire d'enceintes
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 un écran, ou une surface sur laquelle on peut projeter des images
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une petite caméra ou un appareil photo numérique avec prise de son.

Objectif de la séance

Montrer que le raccord son est aussi essentiel à la construction d’un film que le raccord image.

Extrait 1 : Mulholland Drive (2001) de David Lynch

L’extrait présente des plans, donnant une impression de lenteur, d'une voiture qui monte des virages en côte puis, en alternance, ceux d'une autre voiture qui descend une route à toute allure. La bande son alterne les mélopées de synthétiseur associées à la voiture montante, d'une part, et d'autre part les hurlements des passagers de la voiture descendante, sur fond de crissements de pneus. L'intérêt de cet extrait réside dans le collage, le raccord « cut » entre les blocs d'images mais aussi entre les blocs de son qui les accompagnent.

Le spectateur est saisi d’effroi quand il entend pour la première fois la voiture qui descend à tombeau ouvert. Sans qu'il ne soit précisé que les deux voitures roulent sur la même route, la « collision » entre les blocs d'images-son anticipe le choc qui va avoir lieu, qu'il est inutile de montrer aux élèves : mieux vaut interroger les élèves quant à l’issue possible de ce montage alterné, et à la façon dont les raccords son « cut » font redouter cette issue.

Si l'on schématise le découpage de cette extrait, on obtient des blocs de son qui correspondent strictement aux blocs d'image, sans « débordements ».

Extrait 2 : La Mort aux trousses (1959) d'Alfred Hitchcock.

On peut demander aux élèves de compter les plans et aussi de voir avec eux ce qui, d’un point de vue sonore, différencie cet extrait de celui de Mulholland Drive.

Même si elle comporte différentes manifestations sonores (vent, passage des voitures sur la route, coups de feu en séries, bruit du moteur de l'avion), la bande son est très homogène tout au long de la séquence et permet de lier les plans entre eux. À partir d'un certain moment, c’est le traitement du bruit de l’avion qui assure l’unité du montage : on ne le voit pas toujours à l’image (on dit alors qu’il est « hors champ »), et le volume sonore diminue et augmente en fonction des moments d'éloignement et de rapprochement de l'avion.

La bande son n’est pas mise en avant ni tronçonnée comme dans l'extrait précédent de Mulholland Drive. Sa continuité et sa relative discrétion contribue à la tension dramatique de cette scène.

Extrait 3 : Mon oncle (1958) de Jacques Tati.

Cet extrait joue sur le raccord de sons d'ambiance. Après plusieurs ouvertures et fermetures, Monsieur Hulot comprend que lorsqu’il ouvre la fenêtre, celle-ci réfléchit un rayon de soleil et le projette sur le mur de l’immeuble d’en face où se trouve la cage d'un oiseau : lorsque la lumière se pose sur lui, l’oiseau se met à chanter. Pour faire en sorte que ce dernier n'interrompe pas son chant, Hulot cale la fenêtre de telle manière que le rayon de lumière réfléchi se fixe au niveau du volatile.

Ce raccord son est signifiant d’un point de vue poétique (Monsieur Hulot aime le chant des oiseaux) mais aussi cinématographique : à partir de la fin des années 1920, la pellicule argentique (qui était le support sur lequel les films ont été tournés pendant plus d'un siècle) présentait, entre une des colonnes de perforations et la colonne de photogrammes, une bande sonore latérale dont la lecture était optique — le son résultait des variations lumineuses obtenues lorsque cette bande sonore était traversée par un rai de lumière : le son naissait donc de la lumière !

Sur cette image, l'ovale rouge entoure la bande sonore à lecture optique.


Proposition d'exercice

Proposer aux élèves de créer une petite scène dont on n'enregistrera que la bande sonore, en jouant sur les raccords son soit de façon « cut » (en créant des collisions entre les sons), soit de manière à établir une ambiance sonore continue — soit les deux. Parmi mille sujets possibles, on pourra éventuellement choisir le suivant : une femme rentre chez elle en voiture, de nuit. Elle entre dans sa maison et reçoit un texto sur son portable.

SUITE


Auteur : David Ridet, coordinateur cinéma de l'académie d'Orléans-Tours. Ciclic, 2018.