Eût-elle été criminelle... - Ateliers

Atelier approche historique

Parce qu’il vise à élargir son propos à la dénonciation d’un certain type de violence, Jean-Gabriel Périot réduit volontairement au strict minimum les éléments d’information historique délivrés par son film. Dans le cadre d’un travail avec des lycéens, il semble cependant indispensable de resituer d’abord les événements dans leur contexte et d’en identifier la nature et la portée. On pourra s’appuyer avec profit sur l’ouvrage de l’historien Fabrice Virgili, La France « virile ». Des femmes tondues à la Libération (Payot), qui :

1) replace le phénomène des tontes dans le contexte de l’épuration, et tord le cou à l’idée qu’elles auraient été perpétrées uniquement de façon « sauvage », par des « résistants de la 25e heure »,

2) montre en quoi ce châtiment sexué de la collaboration est révélateur de la place attribuée aux femmes dans une société française qui s’apprête pourtant à leur accorder le droit de vote.


Atelier bande-son

Le travail de Jean-Gabriel Périot met particulièrement bien en évidence l’influence du son sur la réception des images et sur l’interprétation de leur sens. On pourra prolonger ce constat par un travail en deux temps avec les élèves.

1) Analyse du film :

On demandera aux élèves de repérer les différentes étapes de l’utilisation de la Marseillaise dans le film et d’en interpréter les effets : distinction entre la Marseillaise instrumentale et la Marseillaise chantée, choix d’une voix féminine avec choeur d’hommes portant un texte « viril », à mettre en relation avec le caractère sexué de la tonte, « déstructuration » de l’hymne qui revêt à la fois une valeur historique (la Marseillaise disparaît avec la défaite de la France, réapparaît à la Libération) et une valeur critique (c’est au nom du patriotisme que sont commis des actes violents et sexistes), repérage d’effets de coïncidence ou de contrepoint entre les paroles et les images (« étendard sanglant » / drapeau flottant au fronton de la mairie, « marchons, marchons… » / défilé des tondues, etc.).

2) Conception d’une autre bande-son :

On demandera aux élèves de proposer des alternatives sonores au film Les Américains, que le réalisateur Charlie Rojo a monté à partir d'images d'archives conservées à Issoudun.
On montrera d'abord le film sans sa bande-son. Les élèves proposeront d’autres choix musicaux, puis une voix off dont le texte pourra être écrit par eux ou constitué d’emprunts.
On reverra ensuite le film accompagné par les musiques ou par la lecture des textes proposés, puis dans sa version sonore originale. Enfin, les effets produits par les différents choix pourront être commentés et comparés.

Atelier approche littéraire

Il est également possible de confronter le film à la lecture ou à l’écoute d’autres textes consacrés au même sujet.
Le poème de Paul Eluard :
« Comprenne qui voudra » (dans Au rendez-vous des Allemands, Paris, Éditions de Minuit, 1944), la chanson de Georges Brassens La Tondue (dans Les Copains d'abord, 1964), enfin les Appendices au scénario d’Hiroshima mon amour (Gallimard, 1960), rédigés par Marguerite Duras pour guider Alain Resnais dans sa compréhension du personnage féminin.