Revisiter des images amateurs

Les images d'archives, en particulier celles des cinéastes amateurs, constituent une formidable matière première pour monter des ateliers d'éducation aux images, comme le prouve ce projet mené avec des adolescents.

Ciclic collecte et valorise les films amateurs réalisés en région Centre, constituant progressivement des archives audiovisuelles régionales. Ces images sont régulièrement utilisées dans le cadre d'ateliers d'éducation aux images.

En 2013, des adolescents de Château-Renault (37), ont ainsi travaillé autour de films amateurs tournés dans leur ville et ses environs, qu'ils ont regardés de près avant de les utiliser dans une réalisation collective mêlant fiction et documentaire.

Encadrés par leur animateur et une intervenante réalisatrice, Amandine Poirson, les adolescents de Château-Renault ont travaillé sept jours : visite des archives régionales, visionnage et exercices sur les images d'archives, réalisation. Ils ont inséré les images d'archives dans une fiction en forme de film-enquête.
 

Intérêt pédagogique

Ce travail sur les images d'archives permet d'aborder :
- l'histoire du cinéma, à travers la confrontation des images d'archives avec les images du présent ;
- l'analyse des images, en apprenant à « faire parler » les détails présents dans les films amateurs ;
- la réalisation de A à Z (écriture-tournage-montage), en mettant en avant certaines spécificités du documentaire (rencontre, entretien) ;
- le montage, au service de la narration (ordre des séquences, insertion de cartons) ;
- l'influence du son sur les images, en sonorisant les images amateurs (musique, dialogue, bruitages).


Découvrez ci-dessous le film-enquête réalisé par les adolescents : Les Bobines disparues de Chateau-Renault. Chaque partie correspond à un exercice pratique (sonorisation, montage, entretien, etc.).

Témoignage de Jean-Benoît Pechberty, chargé de collecte et de valorisation à Ciclic :
« En tant qu'amoureux du cinéma amateur, j'ai trouvé qu'il y avait une vraie prise en considération de ce cinéma : il n'est pas simplement utilisé pour son caractère illustratif, comme un « stock-shot ». Ce dont nous parlent ces images, par quelles personnes elles ont été tournées, les techniques et le matériel cinématographiques spécifiques engagés dans leur réalisation : tous les traits qui font la particularité de ces images sont réunis dans ce projet.
À la manière d'un Charlot sorti du cinéma muet, le personnage de l'enquêteur permet de donner une véritable homogénéité et cohérence au film. »

Témoignage de Renaud Aymard, animateur au service « Jeunesse » de la Ville de Château-Renault :
« Le travail effectué par les adolescents est important et peu courant dans le cadre d'un atelier cinéma. Ils ont réussi à s'approprier des images d'archives pour leur donner une seconde vie. Ces images muettes et noir et blanc sont trop souvent cantonnées à la poussière et à l'oubli. Grâce à ces exercices, le groupe a pris conscience du fait que le son et l'image peuvent cacher des sens différents, et qu'un travail critique est nécessaire afin d'analyser les multiples formes d'images qui nous parviennent. L'atelier a été aussi un moment de convivialité et d'échanges entre les jeunes et Amandine Poirson, qui a su faire partager ses connaissances et sa passion des images. »

LE RETOUR DU SOLDAT (0’50’’ à 4’28’’)

Tout commence par l’archive de 1945 tournée par Bernard Loison aux Hermites. Elle s’intitule Retours de prisonniers. Les adolescents ont imaginé ce que pouvaient se dire les personnes filmées. Pour ce premier exercice, le groupe a intégré au film original des cartons et de la musique. Ils n’ont pas modifié le montage ni le sens du film.

Précisons qu'ils n'avaient aucune information sur la séquence originale. L'exercice permettait d'observer vraiment les images et de chercher des indices quant à leur époque de tournage et à ce qu'elles racontent.

La plupart des films étant muets, les adolescents se sont amusés, sur cette fin de séquence, à ajouter une bande son réaliste composée de bruits de pas et de sons de cloches.

Jean-Benoit Pechberty : "Les adolescents ont saisi la réalité documentaire des images originales. Ils se sont réapproprié le film par un travail créatif d'intertitrage, de sonorisation et de mise en musique. Cela intensifie la dimension affective des images, déjà présente dans le matériau originel mais qui se voit ainsi renforcée."

Voir l'archive originale

Ciclic, Château-Renault 2013