À la découverte du son

Parcours en 9 séances pédagogiques autour du son au cinéma. Découverte des propriétés du son, puis exploration de la diversité des sons et de leurs effets au cinéma.

Séance 1 : Qu'est-ce qu'écouter ?

Objectif de la séance

L'objectif de cette séance n'est pas de proposer un cours d'anatomie du système auditif humain mais plutôt de permettre aux élèves de réfléchir sur l'un des cinq sens qu'ils possèdent depuis avant leur naissance.
Si la vue est un sens qui s'affine au cours des semaines suivant la naissance (le fœtus ne perçoit que des couleurs et des ombres, le nouveau-né perçoit en plus des formes troubles), l'ouïe est présente dès la période fœtale, ce qui permet entre autres au futur bébé de réagir à la voix de sa mère ou de son père.
Tout enfant doté d'un appareil auditif normal entend dès son plus jeune âge. Il s'agit d'une perception INVOLONTAIRE. On entend tout le temps. On peut fermer les yeux, pas les oreilles.
Quand nous sommes au lit dans le noir, nous ne voyons rien mais pourtant nous entendons. Nous pouvons même prêter plus particulièrement attention à des sons isolés : par exemple le tic-tac d'une pendule (parfois presque imperceptible, certaines personnes ne la supportent pourtant pas), le ronflement d'un membre de sa famille, un chat qui miaule dehors. Cet acte de perception auditive devient alors VOLONTAIRE : on se met à « écouter ».
Le but de cette séance est aussi de proposer aux élèves une série de petits tests qui les amèneront à opérer une distinction entre « entendre » et « écouter ».

Matériel nécessaire 
- Un ordinateur avec enceintes
- (si possible) un sifflet à ultrasons

« Entendre » et « écouter » le son

Pour effectuer cette distinction, nous allons demander aux élèves de relever par écrit tous les bruits qu'ils entendent pendant 10 secondes : par exemple, les voitures qui passent si l'école est située proche d'une rue passante ; mais aussi la pluie s'il pleut, le vent, bien évidemment les chuchotements des camarades de classe, la respiration des voisins, la toux, les éternuements, les élèves dans la cour...).
Ensuite, on leur demande de fixer leur attention sur l'un de ces bruits et de le décrire oralement plus précisément, donc d'ajouter des détails.
Cela permet d'opérer une première distinction entre ce que l'on entend de manière indistincte (une bonne partie des bruits qui nous entourent) et ce que l'on écoute plus précisément (un bruit particulier) ; c'est-à-dire d'opérer une distinction entre ce que l'on fait de manière involontaire (entendre) et ce que l'on fait de manière volontaire (écouter).

Cela permet aussi de montrer que l'écoute amène naturellement l'être humain à opérer une « discrimination », donc à sélectionner/mettre en avant un bruit plutôt qu'un autre. Au cinéma, les micros n'étant pas capables de faire cette discrimination, c'est au preneur de son de les placer en fonction de ce que le metteur en scène aura choisi de faire entendre.

Activités : tester la relativité des capacités auditives

« Peut-on entendre tout ce que l'on voit ? » : c'est avec cette question que l'on peut commencer la séance.
Attendre les remarques et essayer d'amener les élèves à comprendre que l'oreille humaine ne peut pas tout entendre, soit parce qu'elle est imparfaite, soit parce qu'elle est différente de l'oreille animale par exemple.
Proposer un petit exercice : placer un élève (A) devant soi, demander ensuite à deux élèves (B et C) de se parler à voix normale à quelques mètre du premier élève (de manière à ce que l'écoute ne soit trop aisée), puis demander à ces deux élèves d'aller à l'autre bout de la cour pour continuer leur petit échange. L'élève A aura peut-être du mal à résumer l'échange entre B et C, surtout si B et C parlent à voix basse ; il ne pourra par contre rien dire d'un échange situé à plus de 10-20 mètres de lui. Renouveler l'expérience avec d'autres élèves.
Conclusion, l'oreille n'entend pas ce qui n'est pas assez fort, elle ne peut donc pas TOUT capter.

Enchaîner avec un exercice sur un ordinateur muni d'enceintes, à l'aide du « cool hearing test ».
Demander aux élèves de lever la main dès qu'ils perçoivent quelque chose. Arrêter la vidéo et donner leur score (very good = très bien ; average = dans la moyenne ; fair = correct ; poor = faible ; grandmas = vieilles mémés ...).
Recommencer l'exercice et arrêter au bout de 10 secondes (aiguille sur graduation 120 = excellent), le leur dire. Ils doivent normalement s'étonner de ne rien avoir entendu pendant les dix premières secondes et pourtant vous pouvez leur certifier que l'exercice a réellement commencé. Pourquoi n'ont-ils pas entendu ? Peut-être certains d'entre eux parleront de sons audibles uniquement par les chiens par exemple. Sinon, donner tout de même le mot « ultrason », son audible seulement par certains animaux comme les chiens ou les chauves-souris.
La conclusion ici est que l'oreille humaine n'est pas apte à entendre tous les sons émis à côté d'elle, certains sons sont imperceptibles. (On ne rentrera pas dans les détails techniques et scientifiques, peut-être simplement dire que le son s'apprécie selon une fréquence mesurée en hertz (hz). L'oreille humaine entend des sons situés environ entre 20 hz et 20 000 hz).

Il s'agit donc tout d'abord de faire prendre conscience aux élèves des capacités de l'organe qu'ils utilisent tous les jours, à savoir l'oreille. De la même manière que pour le sens de la vue on fait une distinction entre « voir » et « regarder », on fait une différence entre « entendre » et « écouter » quand on évoque l'ouïe.

Activité : écoute

(L'ordinateur est toujours nécessaire)

Faire écouter ces ambiances sonores et demander aux élèves d'identifier le lieu.
Peu importe que les élèves donnent des réponses justes ou fausses, l'essentiel est de les amener à prendre conscience de l'activité d'écoute, qui isole certains sons pour tenter de se repérer.
Leur demander ensuite de réécouter les extraits en leur demander de décrire les images que ces sons leur suggèrent. On verra que les réponses varient en fonction de l'expérience de chacun. Le son est plus suggestif que l'image, ce qui a de nombreuses conséquences dans le domaine audio-visuel. Par exemple :
- un son entendu sans qu'on en voit la source va stimuler l'imagination, voire créer du suspense ;
- on peut, par exemple, bruiter l'image d'un feu avec un balai, sans que le spectateur ne s'en doute. Car l'image s'impose à nous et nous fait interpréter des sons qu'entendus seuls on aurait eu du mal à identifier.


David Ridet, enseignant missionné auprès de Ciclic par le Rectorat de l'académie d'Orléans-Tours (Janvier 2015)