Demeures de salauds

Lors de la production d'un film, les lieux de tournage (réels ou à construire en studio) ne sont jamais choisis par hasard. Ces choix peuvent être dictés par des contraintes économiques et logistiques ou par des opportunités dues au hasard, mais ils sont avant tout au service de l’histoire à raconter sous forme visuelle. Les lieux de tournage doivent renforcer l’ambiance du film et parfois même souligner le caractère d’un personnage.

Le présent texte pourrait s'intituler : « Anthologie de la présence du mal au cinéma dans des écrins bien dessinés ». En effet, quand l’architecture moderne, d'avant-garde ou contemporaine est représentée dans des films, elle est très souvent identifiée à des personnages « négatifs » : peu sympathiques voire égoïstes, inquiétants ou malfaisants, mûs par des obsessions sexuelles ou par des pensées meurtrières. (Il y a bien sûr des exceptions à ce principe, dont le plus célèbre reste sans doute le film Le Rebelle (The Fountainhead, 1949) de King Vidor, adapté d'un roman d'Ayn Rand qui s'était pour sa part inspirée du parcours et de la personnalité de l'architecte américain Frank Lloyd Wright.)

N.B. : ce texte ne fera pas état des maisons hantées « classiques » (dans le sens architectural du terme : de style médiéval, gothique ou victorien) qui constituent un élément-clé des films d’horreur, et dont les exemples les plus connus sont la maison menaçante de Psychose, le manoir angoissant de Rebecca, la maison hantée d’Amityville, le château du comte Dracula. Ce sont aussi des « écrins bien dessiné », mais nous nous intéresserons ici à un style d’architecture qu’on nomme communément « architecture moderne » ou « contemporaine ».

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Auteur : Patrick T. Klein, architecte. Supervision : Jean-François Buiré. Ciclic, 2018.