Upopi #14 : l'esprit de série

Nés avec les médias pré-numériques (cf. les romans-feuilletons du XIXsiècle, les serials du cinéma muet et les premiers feuilletons radiophoniques), les récits sériels connaissent depuis une quinzaine d'années un regain d'engouement (et, conjointement, de sophistication) qui ne laisse d'étonner. À une époque où, dit-on, l'individualisme et l'immédiateté règnent, cette passion serait-elle à la fois la manifestation d'un consumérisme culturel individualisé et le signe d'un désir de pérennité et de collectivité ?

Alors que la 7e édition du festival Séries Mania aura lieu du 15 au 24 avril 2016 au Forum des Images à Paris, Upopi se plonge dans le monde immersif (et chronophage) des séries. Tout d'abord, une frise chronologique retrace leur histoire, en s'arrêtant sur quelques titres clés. On s'intéresse ensuite à leur vocabulaire, qui demande à être éclairci pour le néophyte. Une étude de The Walking Dead envisage la façon dont, bien que mettant en scène des morts-vivants, cette série réanime un imaginaire épique issu du cinéma américain classique. Enfin, un ensemble est consacré à la place du récit sériel chez les cinéastes de la Nouvelle Vague française.

Le film du moment est un épisode de la série d'animation française Bigshot, jeu de massacre humoristique dont les victimes sont des personnages eux-mêmes sériels : les super-héros.

Continuité évidente avec deux des compléments de programme : une conférence qui s'intéresse à l'éthique du « care » dans la série médicale Grey's Anatomy, et le retour d'expérience de lycéens qui, dans le sillage de la trilogie de Lucas Belvaux Un couple épatant / Cavale / Après la vie, ont réalisé trois courts métrages dans lesquels la différence entre personnages secondaires et personnages principaux est remise en question.

Enfin, dans la mesure où l'intérêt des séries télévisées réside en général principalement dans la qualité de leurs scénarios et de leur interprétation, réintroduisons un peu d'esthétique avec un parcours pédagogique consacré à deux données sensibles fondamentales dans les arts visuels : les ombres et la lumière.