Initiation au cadre

Sensibilisation aux notions liées au cadre, dans l'art en général et dans le cinéma en particulier.

Séance 1 : qu'est-ce que regarder ?

Objectif

Il ne s’agit pas tant de disséquer l’œil humain que de proposer une sensibilisation au regard humain et à la différence qu’il entretient avec le regard artistique. On posera donc en principe la différence fondamentale qui existe entre un espace tel qu’il nous est présenté au regard (c’est-à-dire un espace de « présentation ») et un espace tel qu’il nous est présenté via le regard de l’artiste (c’est-à-dire un espace de « re-présentation »). Notre regard embrasse très largement le premier espace alors que le second est le fruit de choix nécessairement opérés par la présence d’un cadre contraignant.
Il s’agit donc tout d’abord de faire prendre conscience aux élèves des capacités de l’organe qu’ils utilisent tous les jours, à savoir l’œil. Le but ici est de faire apparaître une spécificité dont ils n’ont pas conscience a priori.

Matériel nécessaire
- papier,
- crayons papier / crayons couleur.


Tester sa vision périphérique

Dans un grand espace (salle de motricité, cour de l’école…) un élève va se tenir au milieu de l’espace et deux camarades vont se tenir de chaque côté à quelques mètres de distance, sur le même axe (voir schéma plus bas).

On demande aux élèves placés à droite et à gauche de sauter, d’agiter les bras de manière aléatoire ou autre, en leur faisant un signe de la main. Le but de l’exercice pour l’élève placé au milieu est de déterminer l’activité de ses camarades sans bouger la tête et en regardant toujours droit devant lui. Il s’agit d’expérimenter le « regard périphérique ». On enchaîne en remplaçant les élèves volontaires.
On peut proposer une variante qui a pour but de montrer l’importance des DEUX yeux sur le visage. On recommence le jeu, mais en demandant à l’élève de cacher son œil droit ou gauche. Ainsi, on leur montrera comment la vision humaine atteint son efficacité maximale avec les deux yeux d’une part, et d’autre part que l’œil humain est doté d’un grand angle de vision.
Après cette introduction, il faut passer à l’étape intermédiaire entre appréhension de la vision humaine et appréhension de la vision artistique.

Vision périphérique



Comparer vision œil humain et vision fragmentée

Pour l’exercice suivant, on va essayer d’amener les élèves à appréhender la « représentation » mentale en passant par l’utilisation des fenêtres, cadres naturels en nombre dans un établissement scolaire.

Mise en place de l’exercice :
Après avoir pris du papier et un crayon, on se rend dans la cour (ou tout autre espace extérieur).

ATTENTION, il est très important que cet espace soit visible de l’intérieur du bâtiment de l’école (voir ci-dessous le schéma de l’école).

On demande aux élèves de dessiner ce qu’ils voient.
Une fois le dessin exécuté, on rentre dans l’école (soit dans une salle de classe, soit dans la salle de motricité) et on se place derrière une fenêtre (ou des fenêtres) qui permet d’avoir un point de vue similaire. Alors on demande aux élèves de dessiner ce qu’ils « voient ».

Deux cas de figures apparaîtront :

  1. soit les élèves dessinent la fenêtre et ce qu’ils voient au travers (c’est ce qu’ils sont censés faire),
  2. soit ils dessinent ce qu’ils voient à travers la fenêtre en faisant fi du cadre constitué par cette fenêtre.

On compare ensuite les deux dessins. On prendra bien le temps de comparer les propositions (qu’elles soient bonnes ou approximatives voire mauvaises) afin d’utiliser les expériences pour établir quelques conclusions.

Conclusion n°1 : l’œil humain saisit naturellement davantage de choses que lorsqu’il est contraint par un cadre.

Conclusion n°2 : il en résulte que l’on voit moins d’éléments à travers une vitre que dans un espace ouvert.

Conclusion n°3 : si l’on dessine une fenêtre et son contenu ou juste le contenu sans la fenêtre, on opère un choix sans doute inconscient.

Activité de comparaison vision humaine – vision fragmentée 

Montrer pour finir l’image intitulée « surcadrage » qui pose très clairement la différence entre le regard humain large et le regard du photographe.

Sur cette photo, une personne est assise sur un banc et regarde un paysage dans un cadre. Nous, spectateurs, pouvons voir ce qu’elle voit et au-delà aussi puisque le cadre ne découpe pas le paysage. On voit donc bien la différence entre le regard humain qui serait l’ensemble de la photo et le regard du spectateur assis qui serait circonscrit au petit cadre à l’intérieur. Mais nous pouvons aussi aller encore plus loin en essayant de montrer aux élèves que notre regard de spectateur est aussi circonscrit au cadre de cette photo et que donc le paysage embrassé n’est qu’une partie d’un paysage que l’on percevrait plus globalement si nous nous trouvions sur le lieu même.


David Ridet, enseignant missionné auprès de Ciclic par le Rectorat de l’académie d’Orléans-Tours (sept. 2014).