« Ces petits morceaux d’espaces visuels, dont la connexion n’est pas donnée d’avance, par quoi voulez-vous qu’ils soient connectés ? » - Qu’est-ce que l’acte de création ?, Gilles Deleuze, conférence à la Fémis, 17 mars 1987
Le chemin de fer dans l’édition ainsi que le storyboard dans le cinéma d’animation permettent d’organiser visuellement le découpage et la mise en scène d’une histoire.
Toutefois, une différence essentielle existe entre ces deux outils.
Si les images dessinées dans le chemin de fer correspondent aux illustrations présentes dans l’album, il en va autrement pour le cinéma d’animation.
L’image dessinée dans le storyboard est représentative d’un plan constitué d’un nombre plus ou moins grand d’images. Tout l’art du storyboarder est de choisir l’instant T qui décrira au mieux l’intention du plan.
Loup noir, Antoine Guillopé, Casterman, 2004
➡ Comment les regards des personnages construisent-ils des liens entre les images ?
L’album d’Antoine Guillopé, Loup noir, devenu un classique de la littérature jeunesse, est réédité à l’occasion de ses 15 ans (1). Une belle occasion de se replonger dans ce récit visuel audacieux. Fan de cinéma, Antoine Guillopé s’inspire des cadrages et des prises de vue cinématographiques pour construire son histoire.
Décrire ces deux images à fond perdu qui coexistent sur la double page ci-dessous. Faire le lien avec les yeux présents sur la couverture de l’album. L’image de gauche représente-t-elle la vision du loup mis en scène dans l’image de droite
L’image suivante confirme-t-elle ou infirme-t-elle nos hypothèses ? A quelle distance le loup se trouve-t-il de l’enfant ?
Associer l’image du personnage en train de regarder avec la vue subjective correspondante. Que remarquez-vous ? Quel espace y a-t-il entre les regardeurs et l’enfant ?
Comment Antoine Guillopé crée-t-il un suspense insoutenable ?
Même si Antoine Guillopé continue de jouer avec les regards de ses personnages jusqu’à la fin de son livre, je m’en voudrais de divulguer ici la suite de l’histoire. Rendez-vous dans toute bonne médiathèque ou librairie.
Un peu perdu, Chris Haughton, Éditions Thierry Magnier, 2010
Un peu perdu, Hélène Ducrocq, 2017
➡ Comparer comment les déplacements sont représentés dans les deux médiums.
Que nous propose la cinéaste pour le deuxième trajet de l’écureuil et du bébé chouette ? (2)
La séquence commence par deux plans fixes.
Le premier plan présente un cadrage serré sur la tête de l’ours. L’écureuil est agrippé à son cou.
Le cadrage choisi met en valeur le regard des deux protagonistes. L’écureuil s’adresse au bébé chouette qui est en hors-champ.
Le raccord entre les deux plans se fait par le regard échangé entre l’ours et le bébé chouette. Ce procédé de montage est appelé champ-contrechamp.
A la fin du deuxième plan fixe, le bébé chouette emboîte le pas à l’écureuil. Il sort du cadre par le bord gauche. Le plan suivant est un plan en mouvement, nous avançons vers le fond de l’image. Notre vision de spectateur est celle du bébé chouette.
A la fin du plan lorsque le bébé chouette a rejoint l’écureuil et le lapin, la caméra redevient fixe. Nous retrouvons la situation décrite dans la page après « la tourne » (3).
Voir la séance suivante
1) Cette réédition permet d’appliquer à l’album la technique de la découpe au laser.
2) Un premier trajet est étudié dans la séance précédente.
3) « La tourne » correspond à l’action de tourner la page.