Upopi #27 : Alfred Hitchcock, le maître émotif

Le cinéaste Alfred Hitchcock (1899-1980), anglais de naissance mais américain d'adoption, semble définitivement étiqueté comme « le Maître du suspense ». S'il se distingua effectivement par une maîtrise extrême des divers aspects de l'expression cinématographique, ce fut un maître paradoxal, entièrement gouverné, sous les dehors d'un humour distant, par son émotivité.

Vers la fin de son livre d'entretiens intitulé Hitchcock/Truffaut, François Truffaut ne dit pas autre chose : « Beaucoup de gens ne voient en Hitchcock que la science, l'habileté, ignorant ce qui, avec le temps passé, m'impressionne le plus en lui : sa profonde émotivité. » L'homme qui ne cessa de chercher à susciter d'intenses réactions chez ses spectateurs parle sans doute de lui-même lorsque, à une remarque de Truffaut à propos du rythme contemplatif de Vertigo, il répond de la sorte : « Ce rythme est parfaitement naturel puisque nous racontons l'histoire du point de vue d'un homme qui est un émotif. »

À l'occasion de l'inscription de son film Psychose à l'opération « Lycéens et apprentis au cinéma », Upopi consacre son deuxième numéro centré sur un cinéaste majeur (cf. le premier, consacré à Charlie Chaplin) à celui que le critique Serge Daney surnomma pour sa part « le Grand Dégoûtant », du fait de la capacité qu'il eut, à une époque de censure cinématographique exacerbée, à exhiber à la surface de l'écran ses obsessions les plus intimes.

Au sommaire de ce numéro, on trouve deux montages vidéo portant sur Psychose, l'un sur les reprises, plus ou moins fidèles, détournées ou burlesques de la célèbre scène du meurtre sous la douche, l'autre sur le caractère « dépressif » du film le plus célèbre d'Alfred Hitchcock, et de toute une part de son œuvre. Un troisième montage étudie les rapports d'Hitchcock avec les arts graphiques et le cinéma d'animation, et une sélection de passages du livre Hitchcock/Truffaut, illustrés d'extraits de films, met en lumière les  principes cinématographiques que le cinéaste exposa à François Truffaut.

Le court métrage du moment, Minuit moins dix / minuit moins cinq (2008) de Sabine Massenet, traverse de façon fascinante les lieux déserts et silencieux du cinéma d'Alfred Hitchcock.

En compléments, on reprend le parcours à travers le cinéma d'Hitchcock qui explore la vaste question du rapport de celui-ci au souvenir et à la mémoire. Un retour d'expérience témoigne des travaux graphiques de lycéens à même la pellicule d'une copie de Vertigo, et l'on se souvient de Tippi Hedren, l'interprète principale des Oiseaux et de Pas de printemps pour Marnie, par le biais d'exercices interactifs issus du cours en ligne d'Upopi.

Par ailleurs, on rend également hommage au dessinateur de bande dessinée F'murr, auteur entre autres de la série Le Génie des alpages, décédé dernièrement.

Et pour finir, un bon souvenir que les moins de vingt ans peuvent ne pas connaître...