Upopi #25 : Parole !

« La parole se libère », a-t-on entendu ces derniers temps à divers propos. Libérée, la parole ? Peut-être ; proliférante, certainement, pour le meilleur et pour le pire.

Il n'est qu'à voir le nombre d'émissions d'« infotainment » et de débats socio-politiques, tant à la télévision qu'à la radio : on est entré dans une société de commentaire perpétuel, favorisée par les médias d'information en continu et par l'essor d'internet (comme leur nom l'indique, les forums de discussion ne sont jamais que des lieux de parole sous une forme écrite). D'où, sans doute, la multiplication des « minutes de silence » comme seul moyen de réfréner l'incontinence verbale généralisée.

Même l'actualité commémorative nous ramène au verbal ad libitum, voire ad nauseam : on célèbre les cinquante ans de Mai 68, moment sans doute unique, depuis la Révolution française et la Commune de Paris, de prise de parole collective.

Cette passion française de la parole, Upopi l'aborde au prisme du cinéma : dans les scènes d'assemblées, chez Éric Rohmer, du point de vue des accents, dans une séquence du film Fatima de Philippe Faucon. Une frise chronologique retrace l'histoire du sous-titrage et du doublage, passionnante et méconnue.

Le court métrage du moment, Espace d'Eléonor Gilbert, donne longuement la parole à une petite fille qui explique, croquis à l'appui, l'inégale répartition de l'espace de sa cour d'école entre filles et garçons.

Les compléments de programme ne quittent pas cette thématique inépuisable. Un parcours pédagogique s'interroge sur les façons de proposer des films en V.O. sous-titrée au jeune public, lequel pourra s'intéresser à un tutoriel qui explique comment transformer une voix enregistrée en « voix de robot ». Dans l'ensemble de ressources d'Upopi intitulé « Les métiers du cinéma », on vous conseille évidemment l'entrée « Perchman ». Enfin, un montage vidéo évoque trois personnages de cinéma américain qui, telle la poupée du ventriloque, parlent par la voix des autres, et un retour d'expérience s'intéresse à la réalisation par des lycéens de ce qu'Agnès Varda a appelé un « documenteur ».

La parole, une question tellement riche que, vers les débuts d'Upopi, un premier numéro lui avait été consacré, auquel on se reportera avec profit !