Séance 3 : S'exprimer, s’affirmer : De quelle manière on le dit ?

Enjeux pédagogiques

Expérimenter des méthodes ludiques d’articulation, de diction, d’intonation et de respiration pour préparer et affirmer sa voix. Trouver sa voix et sa voie au sein du projet « podcast ».

 Matériel

  • Un ordinateur muni d’un logiciel d’écoute, une enceinte, un accès Internet.
  • Une salle de motricité ou de théâtre, où il y a assez de place pour se mouvoir sans se gêner.
  • Un instrument pour donner le tempo, comme un tambourin.

Déroulement

Le podcast relève d’un travail d’écriture parlée. Parler à voix haute et dans un micro de manière claire, limpide, affirmée, pour diffuser une information n’est pas quelque chose d’inné, peu importe l’âge et l’expérience. Parler en public est même considéré comme la plus grande peur au monde, avant la mort. Cette troisième séance va permettre de lever certains freins liés à l’oralité et à la prise de parole. Les exercices proposés vont autant aider les plus « réservés » à prendre confiance, à affirmer leur voix, qu’à ceux que l’on entend davantage habituellement à canaliser leur flux vocal, dans le but de trouver un équilibre au sein du groupe. Travailler sa voix, sa respiration pour trouver sa place dans ce projet, voici l’objectif de cette nouvelle étape.

                       

Exercice 1 : je porte ta voix

Ce premier exercice va permettre d’aborder de manière pratique les questions de collaboration, d’écoute et de synthétisation d’un discours. Il s’agira de rendre une parole courte, efficace et dynamique, pour donner envie d’être écouté, l’une des règles lorsque l’on fait une chronique dans une émission radio.

La consigne : au sein de petits groupes de 2, 3 ou 4, chaque enfant va parler de son film ou de sa série préférée. Dans un temps limité (30 secondes à 1 minute), et sans décrire toute l’intrigue du film, il va donner 1 ou 2 raisons pour lesquelles il a été touché/ marqué par ce film. Au bout de 5-10 minutes, selon le nombre d’enfants, chaque groupe va faire une rapide restitution de ce temps d’échange. Attention, la particularité est que chaque enfant va retransmettre, de mémoire, la parole de son camarade, et non la sienne. Il peut utiliser d’autres mots, résumer, et se baser sur le souvenir de ce qu’il a compris, ce n’est pas grave s’il se trompe. Le plus important est de porter la voix de son coéquipier, pour montrer qu’on a su l’écouter et s’intéresser à son point de vue, même si ce n’est pas le même que le nôtre. Et puis c’est parfois plus facile de ne pas exprimer son avis intime de manière directe mais de s’appuyer sur un allié.
N.B. : Cet exercice vient illustrer le fait qu’en radio, ce n’est pas toujours celui qui parle qui exprime sa pensée. Un rédacteur lui a parfois écrit un texte, avec des mots et des tournures de phrase qui ne sont pas les siennes et qu’il découvre peu avant l’émission. Il s’agit alors de se les approprier, de les adapter à sa manière de parler, pour se sentir à l’aise, sans en changer pour autant le sens.

 Exercice 2 : je réveille ma voix

Prendre la parole en public, que ce soit au théâtre, sur scène pour chanter ou dans un micro, cela nécessite en amont de réveiller et de chauffer sa voix. La voix est un muscle qu’il faut assouplir et entraîner pour qu’elle ne s’abîme pas et que l’on arrive à mieux la maîtriser. Voici quelques techniques vocales simples et ludiques qui peuvent devenir un rituel avant chaque prise de parole et qui pourront tout à fait être adaptées à un public jeune.

Vous pouvez vous inspirer de l’application VOIX, développée par 2 pédagogues du chant avec le soutien de la Cité de la Voix, Charlotte Leboucher et Romain Billard :
a) https://applivoix.fr/section/voxotheque/articulation/biscotte

b) https://applivoix.fr/section/voxotheque/articulation/pois

c) https://applivoix.fr/section/voxotheque/elasticite/oueoh

                     

Leur faire répéter 2 fois chaque exercice, en les faisant changer à chaque fois de posture : soit debout les bras relâchés et le corps détendu, soit en marchant de manière aléatoire dans la salle en slalomant sans se frôler. On peut également leur demander de mettre une main sur le thorax et l’autre sur la nuque, pour ressentir les vibrations de notre voix intérieure et son cheminement.
N.B. : Cet exercice va aussi permettre d’évacuer les fous rires nerveux et de surmonter la gêne qui peut accompagner l’enregistrement. Ne pas hésiter à dire que c’est normal, que cela arrive même aux professionnels, aux « stars », et que l’on peut continuer à enregistrer et retrouver sa concentration après avoir pris plusieurs grandes inspirations/ expirations abdominales. C’est pour cela que l’on fait souvent plusieurs « prises ». On ne garde que la bonne.

 Exercice 3 : j’articule et je module

La parole que l’on entend dans un podcast est une parole préparée. Pour cela, on a travaillé la diction, le flux et l’intonation, afin de rendre la parole plus agréable à écouter et compréhensible. On essaie aussi d’éviter le plus possible les blancs sonores, les hésitations et les bruits de bouche. La parole idéale du podcast se veut souple, affirmée mais pas trop rapide, ni trop lente pour ne pas ennuyer. C’est une parole parfois lue, mais qui garde toujours sa spontanéité et sa fraîcheur, comme si la personne à qui l’on s’adressait est un ami qui est en face de nous. C’est une parole que l’on souhaite vivante et vibrante, comme si l’on racontait une histoire captivante. On est très loin de la récitation scolaire.
Quelques astuces utilisées également au théâtre ou pour déclamer un poème, vont nous aider à appréhender ces spécificités.

                      

La technique du VIRELANGUE :

Le virelangue est une phrase créée dans un but ludique comme exercice d’élocution et souvent difficile à prononcer. On doit la répéter le plus rapidement possible à voix haute, afin de jouer avec les mots et de s’entraîner à articuler sans buter. Cette technique de diction prisée par les comédiens peut être abordée très tôt avec les enfants.

a)   Apprivoiser le virelangue : proposez aux enfants de faire une ronde, en se tenant la main et en tournant doucement : de manière collective, le groupe prononce la phrase « virelangue » choisie par l’animateur. Tout d’abord doucement puis de plus en vite et fort. L’accompagnateur peut donner un tempo au moyen d’un petit tambourin, rythme qu’il accélérera au fur et à mesure puis ralentira.

b)  Réitérez ce jeu de diction avec une autre phrase en se concentrant non pas sur le tempo, mais sur les modulations de voix et les variations de l’intention qu’on donne au texte. Donnez comme indication à chaque enfant que l’on désigne, le ton de sa voix : chuchotée, chantée, en colère, fatiguée, enjouée, malicieuse, méchante, aiguë, grave, voix d’ogre, voix de fée, sur un ton interrogatif, exclamatif... Puis désignez 2 ou 3 enfants en même temps, pour créer une polyphonie.

c)   Accents toniques : par petit groupe, travailler les accentuations. Choisissez un virelangue, décidez quel mot est le plus important puis proposez une manière de le dire en l’accentuant. Testez plusieurs possibilités. En fonction de l’endroit où l’on met l’accent tonique dans la phrase, si l’on fait monter ou descendre notre voix, si l’on marque une pause après certains mots, le sens de la phrase changera.

N.B. : Avant chaque début d’exercice, on peut prendre un petit temps pour expliquer la signification de chaque virelangue. Bien comprendre le sens des mots que l’on doit prononcer est essentiel dans le processus d’affirmation de sa parole, avant de les mettre en bouche et de les faire résonner dans un micro.
Exemples de formules « virelangues » à utiliser avec des enfants (d’autres exemples ici) :

-     Écartons ton carton car ton carton nous gêne.

-     Trois tortues têtues trottent en trottinette.

-    Il est tout gris, le gros rat du grenier.

-   Ton thé t’a-t-il ôté ta toux ? disait la tortue au tatou. Mais pas du tout, dit le tatou, mais pas du tout ! Je tousse tant que l’on m’entend de Tahiti à Tombouctou. 


     © Tiffany Kleinbeck Peset, Ciclic juin 2023.