Séance 7 : qu'est-ce que le surcadrage ?

Objectif

Observer les effets liés à l’utilisation du surcadrage dans un cadre classique.

Matériel nécessaire
- matériel dessin (feuilles, feutres, crayons de couleur…),
- appareil photo numérique.

Le cadre est donc le bord extérieur qui délimite ce que l’artiste désire mettre dans son œuvre.
Dans certain cas, l’artiste utilise les lignes droites et perpendiculaires pour créer un certain nombre de cadres, plus petits, à l’intérieur du cadre initial. On appelle cet effet le « surcadrage ».
Pour essayer de le faire comprendre aux élèves, on étudiera le tableau de Piet Mondrian intitulé Tableau 11 (1921).

Ici, le surcadrage permet à l’artiste de créer des petits cadres qu’il remplit de couleurs primaires, ce qui donne un aspect très graphique.

On peut poser les questions suivantes :
- Que voyez-vous ?
- Pourquoi y’a-t-il des lignes verticales et des lignes horizontales ? À quoi servent-elles ?
- Où est le cadre du tableau ? Y’a-t-il d’autres cadres ?
- Quel effet créé cet abondance de cadres dans le cadre ?

Symboliquement, ce surcadrage peut donner l’impression d’un enfermement, d’un emprisonnement.

Dans bien d’autres cas, le surcadrage se résume à un petit cadre (un tableau, une photo, une fenêtre ouverte) à l’intérieur du cadre. Prenons deux exemples :
- Le photogramme d’Une partie de campagne de Jean Renoir (1936)
- La photo de Gérard Gales « surcadrage »

Dans les deux cas, le surcadrage se résume à l’insertion d’un cadre dans le cadre. Dans les deux cas, ce surcadrage donne l’impression de proposer une scène de la vie de tous les jours cadrée comme une œuvre d’art. Demander aux élèves de décrire ce qu’ils voient dans chaque cadre.

Le choix de la forme du cadre peut avoir aussi de l’importance. Ainsi l’image intitulée « surcadrage piscine » propose un point de vue sur une piscine à travers un cadre de forme circulaire. Qu’en pensent les élèves ? N’a-t-on pas l’impression de regarder la scène à travers un œilleton/judas ? N’a-t-on donc pas l’impression d’espionner les gens à la piscine ?

Le surcadrage dans une image pose de manière plus forte la question de la place du spectateur. Si on revient au plan tiré d’Une partie de campagne, on peut constater que la position des deux personnages au premier plan est forcée. Ils se penchent, moins pour voir que pour regarder.

Dès lors, on peut conclure que l’utilisation du surcadrage est aussi un moyen utilisé par l’artiste pour rendre le spectateur complice du regard qu’il porte sur le monde.

Pour justifier ce point de vue, regardons un plan tiré de Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock (1954).

Dans ce film, le personnage principal joué par James Stewart est cloué dans un fauteuil roulant après une fracture de la jambe. La scène se passe en été, il fait très chaud, les fenêtres de son appartement sont ouvertes pour aérer. Il s’ennuie, alors il utilise son appareil photo professionnel (il est grand reporter) pour « espionner » ses voisins. Le photogramme nous montre l’immeuble d’en face. Chaque fenêtre donne sur un appartement occupé par des personnes différentes (une danseuse un rien exhibitionniste, un vieux couple, un couple au bord de la rupture, une femme d’âge mûr seule et triste…).

Chaque fenêtre, comme dans Une partie de campagne, est donc un surcadrage qui nous montre une scène de la vie quotidienne, qui permet à Jeff d’espionner ses voisins et ainsi de se divertir durant ses longues journées.

Activités

À partir de divers exemples de surcadrage, réaliser un dessin où la scène représentée entretient un lien étroit avec le type de surcadrage choisi (soit un surcadrage de type « Mondrian », soit l’insertion d’un cadre du genre tableau ou photo, soit un surcadrage plus subjectif comme l’œilleton, la longue-vue, le trou de serrure…).
L’important dans cet exercice est d’être capable de justifier ses choix esthétiques en disant par exemple que pour représenter un lion dans la savane tel que peuvent l’observer des scientifiques, on aura besoin d’un surcadrage ressemblant à une longue vue ou à une paire de jumelles.

Autre exercice de (sur)cadrage en photographie
Les élèves se baladent dans l’école et essaient de prendre une photo mettant en scène le surcadrage. L’idéal est de pouvoir regarder en classe les photos obtenues car il est important de demander aux élèves leurs intentions préalables à la prise du/des cliché(s).


David Ridet, enseignant missionné auprès de Ciclic par le Rectorat de l’académie d’Orléans-Tours (sept. 2014).